Certaines personnes semblent penser qu’il n’existe pas de normalisation à boire de l’alcool par la société, qu’il s’agit seulement de quelques personnes qui ont un mauvais entourage et devraient en changer.
Parfois, on a beau essayer d’expliquer que ce n’est pas une histoire de cas isolés, que ça arrive partout en France, que c’est tout le temps comme ça et que ça ne vient pas forcément des personnes que l’on choisit de côtoyer mais de personnes qu’on subit, que c’est donc systémique. Mais quand ces personnes ne voient même pas pourquoi elles devraient chercher à se renseigner sur ce phénomène pour arrêter de dire des bêtises, on sait que c’est peine perdue. Pourtant, je suis sûre que d’autres personnes peuvent ne pas se rendre compte du problème mais être à l’écoute et chercher à comprendre. C’est pour ces personnes que j’ai décidé d’écrire sur ces problèmes de la relation à l’alcool parce que ça a réellement une grande ampleur. J’ai écrit des choses ici que j’aurais aimées qu’on me dise lorsque j’ai été confrontée à certains problèmes. J’espère donc que cela sera utile.
Pour situer rapidement mes propos, j’ai grandi dans un entourage alcoolique et je suis loin d’être une exception.
Je ne suis pas, moi-même, alcoolique : je bois de l’alcool de temps en temps (donc pas de façon hebdomadaire), je ne bois pas toujours d’alcool dans les soirées, je sais m’en passer sans difficulté, je n’ai jamais bu d’alcool jusqu’à vomir, oublier une soirée, avoir une gueule de bois. J’ai subi plusieurs fois des pressions directes à boire de l’alcool et je suis loin d’être une exception.
Vivre dans un entourage alcoolique
J’ai grandi dans un entourage alcoolique. Mon père était alcoolique et ça fait partie des causes de sa mort mais ce n’était pas le seul à avoir un problème d’alcool. Seulement, pour lui, les effets de l’alcoolisme se voyaient très fortement et avaient un impact important. Par conséquent, c’est le seul pour qui les gens avaient vraiment conscience de ça. Et c’est le seul qu’on blâmait, qu’on accablait pour ça. On l’accablait parce que les conséquences sur son entourage étaient importantes. On voulait qu’il se soigne mais on l’engueulait.
J’étais jeune et je n’ai pris réellement conscience du problème que quand ça a commencé à devenir vraiment intenable au quotidien, à 17 ans. Pourtant, je savais, inconsciemment. Au lycée, j’avais même choisi de faire un dossier de recherche sur le lien entre l’alcool et certains cancers pour un devoir. Mais mon cerveau ne voulait pas voir la réalité en face.
Je savais. Tous les week-ends, on prenait l’apéro, et ce n’était pas que le samedi soir. Les enfants buvaient des sodas. C’était tellement en excès qu’aujourd’hui, je ne peux plus boire la plupart de ces boissons car j’en ai bu jusqu’à finir par en détester le goût. Et les adultes buvaient de l’alcool. En excès également. On recevait souvent des ami·es et les bouteilles vides étaient comptées en rigolant. On parlait même, dans une bonne tranche de marrade, de ramener les gens chez eux en brouette.
Et vous savez quoi ? Mon père était cadre. Certains et certaines des amies également. Ce n’est pas une histoire de classe sociale comme on l’entend, parfois.
Régulièrement, je le voyais aller dans le garage sans savoir pourquoi. Je me suis faite engueuler pour avoir casser l’anse d’une tasse en la sortant du lave-vaisselle. Plus tard, j’ai su qu’elle était déjà cassée et avait été recollée en secret… Je me faisais engueuler (et pas juste engueuler à vrai dire…) tout le temps pour rien. L’abus d’alcool peut souvent créer de l’irascibilité et de la violence.
L’alcool rend aussi irrationnel. Mon père me sentait quand je revenais de mes soirées entre adolescentes et m’engueulait parce que, selon lui, je sentais la cigarette. Absolument personne n’avait fumé et je ne supporte pas l’odeur donc c’était impossible.
L’abus d’alcool cause aussi des dommages irréversibles à la mémoire. Combien de fois me suis-je agacée qu’il me demande si je voulais de la mayonnaise, de la moutarde ou du poivre alors qu’il devait savoir que je n’aime pas ça ? Sans exagérer, des centaines de fois. Je pensais qu’il le faisait exprès pour m’énerver (car les gens adorent faire ça avec moi – je vous maudis si vous le faites, sachez-le). Mais, en réalité, il oubliait tout. Il perdait ses clés et je lui avais même offert une boîte à clés pour l’aider.
Un jour, j’ai eu la peur de ma vie quand il me ramenait en voiture du lycée. Il roulait vite. Trop vite. Il a doublé un véhicule sur une deux-voies. Une autre voiture arrivait sur la voie d’en face. C’est passé à un cheveu.
Il est arrivé aussi, une autre fois, qu’une voiture fasse des appels de phare et qu’il change brusquement de direction au point que ma ceinture se bloque et me fasse mal. Je l’ai vu aussi prendre un rond-point à l’envers pour gagner du temps, ou encore s’arrêter brusquement en plein milieu d’une voie sans réussir à appuyer sur le bouton d’activation des avertisseurs pour retirer une poubelle que le vent avait envoyé sur la route. J’ai eu peur. Plein de fois. Quand j’y pense, je me dis que j’ai quand même eu une chance incroyable. Une autre personne qui a croisé sa route n’a pas eu cette chance. Pas de mort, heureusement.
Mais voilà, tout cet entourage qui buvait avec lui savait mais continuait parce que c’est socialement acceptable de se bourrer la gueule. Jusqu’au jour où il y a eu la crise où il a failli frapper la personne qui retenait ses clés de voiture pour qu’il ne prenne pas la route. J’avais 17 ans. Sans réfléchir, je me suis enfuie dans le bois derrière la maison pour échapper aux cris. C’est là que j’ai su vraiment. C’est là que tout a basculé.
Je crois que les gens ont sincèrement essayé de l’aider. J’ai aussi essayé de l’aider. Mais nous avions des biais cognitifs énormes. Arrêter l’alcool, ce n’est pas qu’une question de volonté de la personne alcoolique. Il faut profondément réformer la société pour que ça marche mieux. L’alcool, on le voit partout. Il y a des publicités partout et la petite phrase L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
n’a rien de magique. L’alcool, on nous incite à en boire partout, tout le temps. Au restaurant, dans les repas de famille, dans les repas ou sorties entre ami·es, au travail… On propose toujours de l’alcool dans la liste des boissons et, pour les adultes, c’est même le premier type de boisson qu’on propose. Quand on ne prend pas d’alcool, beaucoup de gens nous regardent de travers, font des réflexions. De même, de nombreux plats français sont cuisinés avec de l’alcool (bière, rhum, vin…) : non seulement il ne finit pas tout à fait évaporé mais le goût est bien là. (Passage modifié suite à un commentaire très instructif).
Comment une personne alcoolique ne serait-elle pas tentée ? C’est au-delà de la seule volonté de la personne. Bien sûr, pour s’en sortir, il faut que ça vienne de la personne concernée car on ne pourra pas la forcer mais ce n’est justement pas en la brusquant ou en la culpabilisant qu’on l’aidera. J’aurais aimé qu’on me le dise car je prenais exemple sur le comportement des autres et celui-ci n’était pas approprié. Je n’en avais pas conscience. (À ce sujet, lire cette page « Comment aider un proche » sur Alcool Info Service.) L’addiction, comme l’écrit Auriane Hamon pour Marie Claire, c’est un besoin incompressible de consommer une substance
. On n’est plus dans l’envie, on est dans le besoin. Le corps et le cerveau réclament. Il faut donc que l’entourage crée un contexte favorable pour que la personne dépendante puisse s’en sortir.
Pour mon père, ce n’est malheureusement pas arrivé. J’aurais aimé savoir tout ça. J’aurais aimé que tout le monde sache ça autour de lui. Ça n’aurait peut-être pas changé l’issue mais beaucoup de choses auraient été différentes.
La pression de la société à boire de l’alcool
Un phénomène ancien
J’ai trouvé le carnet de santé de mon père qui date des années 1960.
Il y a deux pages disant :
Le vin, le cidre et toutes autres boissons alcoolisées sont inutiles et dangereuses pour l’enfant.
Écoutez les conseils de l’Académie de Médecine : « Les boissons alcoolisées ne constituent jamais un élément de ration alimentaire, et leur usage est, en tout état de cause,
- nuisible à l’enfant pendant la phase de croissance allant jusqu’à la puberté ».
- nuisible
- à son développement intellectuel et physique.
- à sa santé pour le reste de sa vie.
Même en faible quantité l’alcool est un toxique pour tous mais plus encore pour les enfants
On sait qu’avant les années 1960, des parents exigeaient que leurs enfants boivent de l’alcool à la cantine. Les deux pages de ce carnet de santé sont très révélatrices d’un problème avec l’alcool de longue date et dont on peinait déjà à se défaire à l’époque pour les enfants. Aujourd’hui, la plupart des gens savent que l’alcool est particulièrement mauvais pour les enfants mais, pourtant, il arrive encore que des parents autorisent les enfants à boire du cidre, par exemple.
On a beau quitter son entourage, la pression de la société est toujours là
Et quand on a quitté cet entourage (ou qu’on le voit de moins en moins), la pression de la société à boire de l’alcool est pourtant toujours là. Peu importe dans quelle région on habite.
Dans le monde du travail, il y a régulièrement des afterworks, ces rencontres après le travail entre collègues voire même des repas le midi.
Je me souviens très nettement de ce jour où, lors d’un repas le midi entre collègues, un chef de projet m’a regardée de travers et m’a dit : tu prends pas d’alcool ? t’as quelque chose à nous annoncer ?
. Non seulement, cette façon de se mêler de l’utérus des femmes est un sérieux problème mais, par ailleurs, il faudrait arrêter de croire que c’est la seule raison à ne pas boire d’alcool. Je lui ai répondu sèchement qu’il aurait l’air con si je lui disais la raison pour laquelle je ne bois pas beaucoup d’alcool. Ça a jeté un froid et c’était très convenant face à une remarque inconvenante. Le fait de ne pas avoir envie de boire de l’alcool est une raison suffisante pour ne pas en boire.
Je me souviens aussi d’un autre épisode où une nouvelle venue dans une entreprise où j’ai travaillé, lors d’un afterwork, avait dit quelque chose comme ah vous êtes pas une équipe fun ! Dans mon ancienne équipe, on se faisait des sacrés beuveries !
. Puis, elle nous avait raconté les exploits de ces personnes alcoolisées mais on n’en avait rien à faire.
On voit aussi souvent des gens dire que tel alcool ne serait pas de l’alcool mais de l’eau (le cidre, les bières légères, etc.). C’est ainsi qu’une fois, mon père m’avait regardée en cherchant mon approbation pour boire juste un verre de cidre
parce que c’est rien
. Même les sirops pour la toux à l’alcool, ce n’est pas rien quand on est alcoolique (et quand on ne l’est pas, c’est pas génial comme surprise au petit-déjeuner non plus…) !
Demandez à des personnes qui se battent contre leur alcoolisme si les gens ne les incitent pas, parfois, à prendre juste un verre
.
J’ai beaucoup entendu la phrase on va pas laisser ça quand même
quand il reste un fond dans la bouteille. Si si, on peut laisser ça, mettre au frais et boire la fin un autre jour.
Et vous voyez, sur Indeed, un site d’offres d’emploi, on peut trouver un certain nombre d’offres d’emploi contenant le mot « bière » pour les métiers de l’informatique dont la plupart ne contiennent pas ce mot pour parler d’un secteur d’activité mais pour vanter la tireuse à bière, l’équipe « cool » qui boit de la bière, etc. Personnellement, je trouve ça révélateur d’oser mettre ça dans des offres d’emploi. Je cite :
Pour conserver cette ambiance de travail unique, nous multiplions les activités tous ensemble. Autour d’un brassin de bière, escape games, LAN, jeux de société…
Cependant, nous apprécions nous rencontrer de temps en temps autour d’un bon repas et de quelques bières ! : )
Si vous recherchez un poste avec de beaux challenges techniques et une équipe avec un humour subtil, amatrice de bières et de burgers : Contactez-nous !
Dans les citations suivantes, le fait de boire de la bière est même présenté comme un avantage…
Les + de l’offre […] Bureaux sympas – pingpong et bières illimités : )
Avantages : […] Jeux vidéo, tireuses à bière, cours de crossfit
Ensuite, nous pouvons lire que les bières sans alcool et sans gluten sont le mal… ou la culpabilisation maximum :
Vous pouvez dé(sen)capsuler autre chose que des bières (sans alcool, et sans gluten bien sûr)?
Dès le recrutement, on vous explique que vous allez devoir boire une bière :
Enfin, le processus de recrutement se termine par une demie-journée découverte chez eux pour partager avec l’équipe & une bière en fin de journée !
En dehors des offres d’emploi, on voit aussi beaucoup de films ou séries où boire de l’alcool est passé pour cool. Les personnages boivent souvent un verre de vin après une journée difficile plusieurs jours de suite. Ce comportement n’est pas remis en question, c’est juste « normal ». De même, bien que la publicité pour l’alcool soit réglementée en France (article daté du 17 novembre 2021, archive), les paysages sont ornés de panneaux publicitaires pour l’alcool, il y a des publicités à la télévision ou dans les journaux et magazines, etc. Les magasins surexposent l’alcool, notamment en période festive. On nous rabâche que ça fait partie du patrimoine français mais il serait quand même temps d’ouvrir vraiment les yeux.
L’alcool, parlons statistiques
En France, 10% des adultes consomment quotidiennement de l’alcool et 40% hebdomadairement
En 2018, selon Santé Publique France, la France reste parmi les pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant au sixième rang parmi les 34 pays de l’OCDE
.
Dans le même article, on peut lire que, selon des baromètres de santé de 2014 et 2017, en moyenne, en France, 10% des adultes de 18-75 ans vivant en ménage ordinaire
, consommeraient quotidiennement de l’alcool. En France métropolitaine, c’est l’Île-de-France qui a le taux le plus bas à 7,1% et l’Occitanie le plus haut à 12,6%.
De plus, la consommation hebdomadaire d’alcool chez les 18-30 ans s’élève à 32,5 % pour la France métropolitaine et varie entre 23,2 % et 43,5 % suivant la région.
Ameli, l’assurance maladie, parle même de 40% des adultes de 18 à 75 ans qui ont déclaré, en 2017, avoir bu de l’alcool au moins une fois par semaine et 25% une à trois fois par semaine.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte à quel point ces chiffres sont énormes. La consommation d’alcool est totalement normalisée.
La question des catégories socio-professionnelles
Dans l’imaginaire collectif, on pense souvent que les catégories socio-professionnelles les plus impactées par la surconsommation d’alcool sont celles des ouvriers et ouvrières. D’après un article de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il semble que ce ne soit pas tout à fait vrai. Quand bien même, ça ne voudrait, de toutes façons, pas dire que ce serait moins un problème si ça avait été vrai !
Chez les femmes, la consommation d’alcool augmente chez les cadres, les artisans, commerçantes, chefs d’entreprise ; elle est moins élevée chez les professions intermédiaires et employées. Chez les hommes, la consommation d’alcool est plus élevée chez les cadres que chez les professions intermédiaires, employés et ouvriers. Enfin, quel que soit le genre, la consommation d’alcool augmente avec le revenu, selon l’Etude NutriNet-Santé.
Citation de l’article Exposition au risque de l’INRS, basée sur l’Etude NutriNet-Santé de 2013 sur les déterminants de la consommation de boissons alcoolisées.
D’après une autre étude de 2018 dont il est question dans un document de l’INRS et dans l’article « L’alcoolisme touche toutes les catégories socioprofessionnelles et davantage les personnes travaillant au contact du public », il semble que ce soit encore confirmé.
Se remettre en question
Qu’on ait un problème d’alcool ou pas, tout le monde a une relation avec cette substance car elle est omniprésente. Rappelons, par ailleurs, qu’il s’agit bel et bien d’une drogue. Qu’on en boive ou pas, il vient toujours un moment où ce sujet est évoqué. Nous avons vu que l’alcool est partout et qu’il faut sans arrêt se justifier de ne pas boire. Les choses doivent changer.
Questionner son rapport à l’alcool vis-à-vis de soi
Il peut convenir, d’abord, de savoir si on a, soi-même, un problème d’alcool. Il ne s’agit pas de se culpabiliser mais de se connaître et de savoir comment agir si on le souhaite. Ça peut être extrêmement difficile à admettre.
Je vais ici me contenter de citations et de vous envoyer vers les bonnes ressources.
Une personne dépendante à l’alcool est une personne qui a perdu la liberté de se passer de boire.
En 2017, le travail d’expertise scientifique mené par Santé publique France et l’Institut National du Cancer a permis d’élaborer de nouveaux repères de consommation à moindre risque : si l’on consomme de l’alcool, maximum 10 verres par semaine, maximum 2 verres par jour, et des jours dans la semaine sans consommation.
Citation de l’article « Consommation d’alcool en France : où en sont les Français ? » de Santé Publique France
La page « Comment savoir si j’ai un problème ? » d’Alcool Info Service vous renseignera aussi sûrement. Et, en cas de question, vous pouvez les contacter. C’est un service géré par Santé Publique France. Le numéro de téléphone est gratuit, l’appel est anonyme et c’est ouvert 7 jours sur 7 avec une plage horaire assez large de 8h à 2h.
Questionner son rapport à l’alcool vis-à-vis de ce qu’il implique pour les autres
Que vous ayez, ou pas, de problème d’alcool, je vous invite quand même à remettre en question votre rapport à l’alcool vis-à-vis de ce qu’il implique pour les autres dans votre comportement, vos paroles.
Par exemple, parler d’alcool dans une offre d’emploi n’est pas approprié (sauf si vous parlez du secteur d’activité de votre entreprise ou de celui d’une entreprise cliente, évidemment). Inciter les personnes à boire de l’alcool n’est pas approprié : si une personne veut boire une boisson sans alcool, ne bronchez pas, ne cherchez pas à la faire changer d’avis, ne vous étonnez pas, ne demandez pas pourquoi, laissez-la faire son choix librement. Servir ou resservir un verre d’alcool sans le consentement de la personne n’est pas approprié : respectez les gens !
Il y a plein de raisons possibles pour ne pas vouloir boire d’alcool et la personne n’aura pas forcément envie de vous en parler. Si elle est alcoolique abstinente, les comportements de forçage à boire sont d’autant plus problématiques et l’excuse je savais pas
n’est pas valable. En aucun cas, on ne doit forcer une personne à boire.
S’il ne vous est jamais arrivé de devoir vous justifier de ne pas boire d’alcool, sachez que vous avez bien de la chance. Il convient alors de ne pas culpabiliser les autres de faire face à ce genre de situation et de ne pas mettre en doute leurs témoignages. On ne choisit pas de faire face à ces situations, on les subit. Pour ne plus les subir, c’est bien la société qui doit changer et cela inclut également les comportements individuels.
Autres ressources
- Consommation d’alcool, un article de l’OMS ;
- Un rapport de l’OCDE sur les politiques de lutte contre la consommation nocive d’alcool en France met en évidence les leviers les plus efficace, article de la Mildeca daté du 3 juin 2021
- Comment évaluer sa consommation d’alcool, une courte vidéo de Brut du 8 mars 2021 où
le président de l’Association Addictions France explique pourquoi évaluer sa consommation d’alcool et comment l’adapter
.
Articles sur la pression sociale face à l’alcool
- « Rien qu’un verre » sur France tv slash : une série sur les jeunes et l’alcool qui croise le documentaire et l’animation, par Jérémie Laurent-Kaysen sur FranceInfo Culture, le 23 janvier 2021 ;
- Alcool vs. Pression sociale, par Emanouela, le 31 août 2017 ;
- La coupe est pleine: le malaise des non-buveurs d’alcool, par Salammbô Marie pour Le Temps, le 21 décembre 2019 ;
- Réveillon du Nouvel An : Pourquoi ressentons-nous le devoir de boire de l’alcool le soir du 31 décembre ?, par Claire Tervé pour le Huffington Post, le 31 décembre 2016 ;
- La pression sociale : boire de l’alcool, par Albane sur Enabla, le 26 mars 2020 ;
- Faut qu’on parle : je n’aime pas l’alcool et non, je ne suis pas coincée pour autant, par Florine Dubois pour Flair, le 7 décembre 2018 ;
- « Témoignages. « Oh, t’es pas drôle ! », « T’es enceinte ? » : ils ne boivent plus d’alcool et alors ? », par Mélissa Boufigi, le 13 janvier 2022, sur Ouest France (réservé aux personnes abonnées).
Salut,
C’est un bon billet sur un sujet important et plutôt bien documenté.
J’ai toutefois relevé une erreur qui répète un mythe très répandu:
Non, l’alcool ne finit pas évaporé la plupart du temps, c’est même le contraire.
La méthode et la durée de cuisson changent radicalement la quantité d’alcool qui reste dans le plat après la cuisson.
Par exemple après une cuisson au four avec un couvercle il reste jusqu’à 75% de la quantité d’alcool initiale et il faut au moins 3h de cuisson à une température de plus 80°C dans une gamelle a large fond pour qu’il ne reste que quelques traces d’alcool <5%.
Cordialement
Bonjour,
Merci beaucoup pour ce retour ! Effectivement, c’est un point que je n’ai pas pensé à vérifier alors que j’aurais dû. Je vais mettre à jour ce passage de mon article. Je vois certaines expériences passées différemment maintenant que je sais ça…
Merci pour cet article, je me reconnais quelque peu dans votre expérience.
Mon propre père était aussi alcoolique (et accro aux cigares aussi), il buvait de l’alcool, matin, midi, et soir.
C’est par ailleurs également ce qui lui a flingué sa santé.
Il avait également un comportement abusif, je souffre encore d’être son fils.
J’ai l’impression qu’avec l’alcool, on oublie beaucoup trop les effets sur la santé et l’entourage…
Plein soutien !
J’ai grandi dans une famille où l’alcool était excessivement banalisé : à 7 ans, mon grand-père (producteur de cidre) a encouragé ma mère à me donner un verre de cidre, parce que, je cite, « c’est juste du jus de pomme qui pique ».
Pendant longtemps, j’ai pensé que les gens qui ne boivent pas ne sont pas drôles et qu’il fallait les fuir. Pendant longtemps, j’ai raconté pleins d’anecdotes en lien avec l’alcool : des soirées qui finissent en cellule de dégrisement, des soirées qui finissent avec la voiture dans le fossé, etc. et je trouvais ça follement amusant.
J’ai 33 ans, je réalise tout ça depuis peu. J’ai radicalement changé ma manière de voir les choses mais cela s’est fait de manière très progressive. Il y a deux ans, j’ai fait le fameux « Dry January » et ça a été impactant pour moi : j’ai pu réaliser à quel point la consommation d’alcool était devenu un automatisme. Aujourd’hui, mon entourage a beaucoup changé : ça me paraît dingue en le disant, mais en consommant moins (voire presque plus) d’alcool, il y a des relations qui se délitent.
Bref, je trouve cet article et plus largement, ce sujet très intéressant. L’alcool, c’est un vrai sujet à mon sens, c’est important d’en parler et de remettre en question nos pratiques sociales.
Merci pour votre retour ! Je ne me suis pas penchée sur l’efficacité de l’évènement « Dry January » mais ça me fait plaisir de lire qu’il peut être utile et je vous félicite pour votre prise de conscience ! Remettre ces choses qu’on croit normales en question est vraiment difficile tant pour soi que pour les personnes qui nous entourent et ne comprennent pas forcément la démarche (souvent, je crois, parce que ça les obligerait elles aussi à se remettre en question).