La première moitié de mon année 2021 a été marquée par une prise de conscience que je ne pouvais plus continuer sur un chemin sur lequel j’étais lancée. Au mois de mars, j’ai pris conscience que je faisais un burn-out et que je ne pouvais plus continuer avec ces douleurs qui s’étaient manifestées dans mon dos au point de m’empêcher de finir mes nuits et donc, de nuire à ma concentration dans la journée. Avec le burn-out, évidemment, tout se cumulait.
Alors, sentant la fatigue s’accumuler, j’ai pris deux semaines de congés. Et puis, je n’ai pas réussi à revenir alors j’ai été arrêtée par mon médecin. J’ai repris rendez-vous chez ma psychologue que je n’avais pas vue depuis longtemps. J’ai aussi désespérément cherché à avoir un rendez-vous rapidement avec une ou un kinésithérapeute pour mon mal de dos. Il faut savoir que les kinés n’ont pas tous et toutes une présence sur le web et que ceux et celles présentes sur le site de rendez-vous en ligne bien connu sont débordées. Mais, j’ai finalement réussi à décrocher un rendez-vous avec une kiné trouvée sur ce site pour quelques jours plus tard, après l’avoir eu au téléphone pour essayer de forcer un peu les choses (le culot, tout ça…).
Note : je découvre, le lendemain de la publication de cet article, qu’il existe un annuaire des kinésithérapeutes sur le site officiel de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
Rendez-vous chez « une kiné un peu spéciale »
Le jour du rendez-vous, je suis arrivée à son cabinet, après 30 minutes de marche à pied (période de pandémie oblige donc pas de transports en commun pour moi). J’entre et je découvre plein de petits mots et affiches sur les murs. Des citations d’un dalaï-lama, notamment. Et puis, une affiche qui demande d’enlever ses chaussures et de les mettre dans un casier. Je m’exécute et j’attends. Il y a aussi une affiche pour des cours de yoga et je vois la salle de yoga sur ma droite.
Jugement, communication brutale et non respectueuse
La kiné arrive et me fait entrer dans la salle pour les rendez-vous individuels. Elle me tutoie d’emblée alors qu’elle m’avait vouvoyée au téléphone, que je la vouvoyais toujours et qu’elle ne m’avait pas demandé mon avis. Ok, j’avais 30 ans, je suis jeune mais je suis la patiente et elle est la thérapeute. Je ne suis pas une enfant… Bref, elle me soûle déjà avec son attitude faussement cool.
Elle me demande mon ordonnance tout en me demandant ce qui m’amène. Je lui donne mon ordonnance et je lui dis aussi que mon médecin m’a fait une autre ordonnance pour des anti-inflammatoires et elle me dit que je fais bien comme je veux mais que, pour elle, ça, c’est de la cochonnerie, ça sert à rien.
Tout en me posant des questions, elle sort de la pièce sans attendre ma réponse pour aller scanner l’ordonnance. Voyant qu’elle était partie, je ne réponds pas et je l’attends. Alors, elle se penche pour me regarder de là où elle est et me fait ainsi comprendre qu’elle attend une réponse. Je n’ai pas le sentiment d’être écoutée mais entendue. C’est désagréable. Elle me demande depuis combien de temps j’ai mal et je lui dis que ça fait au moins trois mois. Elle est éberluée et me fait comprendre que ce n’est pas normal que j’ai attendu si longtemps. Je lui explique qu’on nous apprend que c’est normal d’avoir mal et qu’il ne faut pas se plaindre. Elle me dit qui ça « on ?! »
. Bah… la société, tout le monde, la famille. Elle est choquée et ne veut pas entendre que ça puisse être un problème systémique. Non, le problème vient de moi. Super, merci.
Je lui explique comment j’en suis arrivée à avoir mal au dos et elle me dit comme ça, cash, que je fais un burn-out. Ce à quoi je réponds que, effectivement, je l’avais compris depuis quelques jours. Et heureusement que je l’avais compris avant qu’elle me dise ça comme ça ! Elle me dit que je suis intelligente mais elle ne me connaît même pas donc ça n’a aucune valeur. Qu’est-ce que ça apporte de me dire ça ?
Elle me fait m’asseoir sur la table de kinésithérapie et m’explique un peu comment elle fonctionne en tant que kiné. Elle commence ainsi : je suis une kiné un peu spéciale
. Sans expliquer concrètement en quoi elle est spéciale. Je ne sais plus ce qu’elle a dit d’autre.
Elle me fait m’allonger et elle parle. Je tourne la tête vers elle pour la regarder puisqu’elle me parle et je vois qu’elle enlève son masque. Je suis gênée. Elle me dit que je ne suis pas obligée de la regarder et je lui dis que je préfère qu’elle garde son masque. Elle ne comprend pas et me laisse me justifier en lui disant que si je n’ai pas tellement de risque de faire une forme grave du COVID-19 à mon âge, j’ai, en revanche, très peur de faire un COVID long, qui est une maladie chronique dont on ne sait pas combien de temps elle dure. De plus, je n’ai pas envie de l’attraper pour le refiler à d’autres personnes. Elle remet son masque mais ça l’emmerde, clairement.
Alors, j’arrête de la regarder, je mets ma tête droite et elle me raconte des trucs qui me font littéralement serrer les dents. Elle me dit qu’il faudrait commencer à me poser des questions sur ma manière de vivre, à aller faire les courses en vélo plutôt qu’en voiture, par exemple. Elle ne me connaît même pas et me juge. Si elle me questionnait, elle saurait que, mes courses, je les fais dans différents lieux et que j’y vais soit à pied parce que c’est à côté de chez moi, soit en voiture parce qu’il n’y a rien pour garer son vélo quand c’est trop loin pour y aller à pied (un comble pour un magasin bio, excusez-moi).
Elle me dit qu’elle ne va pas toucher mon dos et que, bien souvent, quand on a mal au dos, c’est un problème de respiration. Ah ! Donc elle me fait faire des exercices de respiration.
Détends-toi et ancre-toi dans le sol
Ensuite, elle me fait me mettre debout. Et, là, je dois fermer les yeux et elle appuie vraiment fort sur plusieurs zones de mon corps sans même m’expliquer. Je suis tendue car je n’aime pas trop qu’on me touche, surtout quand je ne suis pas en confiance. Et puis, elle me fait mal donc je sursaute à chaque douleur. Elle me dit de me détendre… La blague ! À la fin, elle appuie fort dans une zone proche de mes yeux et je me sens subitement mal. Je lui dis que j’ai la tête qui tourne et elle me fait m’asseoir en me disant que c’est normal. La prochaine fois, il faudrait envisager d’expliquer et de prévenir, peut-être ?
Assise sur la table, mes pieds ne touchent pas tout à fait le sol sans forcer. Alors, ils ne sont pas à plat par terre mais un peu tournés sur le côté, plante du pied face à plante du pied, vous voyez ? Là, elle me dit que, ça, c’est un signe que je manque de confiance en moi, qu’il faut que je m’ancre dans le sol, blablabla. Pour lui faire plaisir (ou plutôt la faire taire), je pose mes pieds à plat sur le sol. À vrai dire, au lieu de me psychanalyser (oui, littéralement), si elle m’avait demandée pourquoi je ne pose pas mes pieds au sol, je lui aurais expliqué que je déteste me balader pieds-nus ou en chaussettes dans un lieu où d’autres ont pu marcher en chaussures (même si on doit, à priori, les enlever à l’entrée dans ce lieu). Mais elle n’était pas là pour chercher à comprendre. Elle était là pour m’insuffler ses croyances.
Elle me dit que si je continue les séances avec elle, elle va me bousculer, qu’elle ne fait pas dans la dentelle, en gros. Elle me raconte qu’avant d’ouvrir son cabinet, elle a beaucoup hésité, elle avait peur et qu’on lui a fait comprendre que c’était elle qui se créait des blocages et que quand elle en a pris conscience, elle a finalement sauté le pas et ça marche bien. Elle me demande si je souhaite continuer avec elle. N’ayant pas envie d’entrer en conflit, je lui dis que je vais réfléchir.
La séance est terminée, je vais payer et, au moment où elle prépare la machine de paiement, elle me dit : Tu sais, si tu as si peur du virus, tu n’as qu’à prendre du zinc et de la vitamine D. On en parle peu mais…
. Elle m’agace.
Une ostéopathe qui se fait passer pour une kiné
Je rentre chez moi à pied, je me sens salie, trahie (au point de devoir prendre une douche directement en rentrant – oui, l’aspect pandémie a aidé sur ce point, aussi…). J’ai détesté ce qui s’est passé. J’ai tout de suite conscience qu’elle m’a fait une séance d’ostéopathie alors que je venais pour de la kinésithérapie. Elle a escroqué l’Assurance maladie. Elle m’a escroquée en ne me disant pas clairement les choses.
Une fois chez moi, j’ai reçu un SMS de sa part me disant qu’elle avait utilisé la technique d’ostéopathie niromathé (avec un lien vers un site qui en parle et dont je découvre que c’est censé être indolore !) et qu’il fallait que je boive beaucoup d’eau parce que c’est très éprouvant comme technique. Ah ! Eh bien je n’ai pas eu plus soif que d’habitude. Ça ne m’a rien fait à part me filer un vertige quand elle a appuyé à un endroit stratégique et voilà. J’avais toujours mal au dos et je n’avais pas l’impression d’avoir le début d’une solution concrète. Elle m’avait dit de faire des exercices de respiration et le dos du chat mais cette séance a été tellement surréaliste que ça ne m’a même pas semblé sérieux. J’ai attendu le lendemain pour annuler le prochain rendez-vous pour ne pas faire de vague et faire croire que j’avais quand même pris le temps de la réflexion.
J’ai eu, en réalité, affaire à une ostéopathe qui se faisait passer pour une kinésithérapeute. Son diplôme de kinésithérapie lui servait à pouvoir proposer des séances d’ostéopathie, dont les pratiques ne sont pas scientifiques et semblent largement reposer sur l’effet placebo, remboursée par la sécurité sociale.
Et voilà comment, traumatisée par cette histoire, j’ai attendu encore deux mois avant de finalement prendre un rendez-vous avec une kiné recommandée par une amie à qui j’avais tout raconté. Elle m’avait dit qu’elle était très sérieuse sur le port de masque mais il m’a fallu plusieurs séances de psy avant de réussir à franchir ce cap. Je ne voulais pas revivre ça.
Cette nouvelle kiné a été choquée quand je lui ai raconté l’histoire du masque et les autres kinés à qui elle en a parlé l’étaient de même. Ça m’a bien rassurée d’emblée.
Au final, celle-ci est très bien et m’aide concrètement. Elle est gentille, sérieuse, à l’écoute, ne me juge pas, me donne des exercices concrets qui ne relèvent pas de la magie, me fait comprendre que ce n’est pas normal d’avoir mal et comment je peux redonner de la souplesse et de la mobilité à mes muscles qui avaient totalement fondus après trop de mois de sédentarité totale. Et oui, je fais aussi des exercices de respiration parce qu’ils permettent de faire travailler mon diaphragme et que, dans le même temps, ça me permet de me détendre. Mais, je fais plein d’autres exercices qui font travailler les autres muscles douloureux de mon dos. Je me suis aussi remise au sport. Et, j’ai quitté mon boulot car il était un frein sérieux à ma remise en état de marche. Enfin, mon dos va de mieux en mieux et j’ai l’espoir de pouvoir dormir des vraies nuits complètes prochainement.
Découverte de l’ésotérisme New Age et sidération
Je pensais pouvoir laisser cette histoire derrière moi mais, en me questionnant sur l’éthique, j’en suis arrivée à me questionner sur la biodynamie, l’anthroposophie puis, l’ésotérisme New Age. J’ai donc écouté des séries d’épisodes du podcast Méta de Choc en faisant ma compote de pommes du jardin. Et là, je viens de comprendre plein de choses. J’ai eu le déclic après avoir écouté une conférence sur les dangers de la « pensée positive » d’Élisabeth Feytit, autrice de Méta de Choc mais tous les épisodes écoutés avant m’ont mise sur la voie.
La « kiné » que j’ai vue en mars était en fait totalement dans cette mouvance New Age, pleine de croyances. J’avais déjà relevé qu’elle est dangereuse puisqu’enlever son masque en pleine consultation pendant une pandémie et conseiller d’avaler certaines choses pour magiquement me sauver du virus est grave. De même, vouloir « bousculer » (comme elle l’a dit) ses patients et patientes n’est pas quelque chose que j’approuve. Quand on bouscule l’esprit d’une personne, c’est en lui disant des vérités qui font mal en pleine face (comme le fait de me balancer que je fais un burn-out sans prendre de pincettes) mais ce n’est certainement pas en lui faisant croire que son mal de dos vient d’un problème de respiration, que la vitamine D et le zinc vont la sauver du virus, que si on ne s’ancre pas bien les pieds dans le sol, on n’arrivera à rien, etc. De toutes façons, peu importe la façon dont elle le fait, ça ne me plaît pas et ça ne me semble pas être une façon de faire normale.
Dans ce petit épisode de ma vie qui a duré moins d’une heure, je retrouve plein de choses du New Age : l’ostéopathie, le yoga, les citations d’un dalaï-lama comme des vérités absolues, la pensée positive, l’idée de soigner (ou de prévenir la maladie) avec des produits dits naturels ou par sa seule respiration, etc. En me parlant à la façon d’une prof de méditation tout en me faisant faire des exercices de respiration, c’était comme si elle essayait de « s’immiscer dans mon esprit » en y mettant ses croyances. Étant bien sceptique à cette période, je n’ai, de toutes façons, pas adhéré. Aujourd’hui, je ne suis plus sceptique. Je sais que c’est du flan, rien que du flan. Et si on me démontre, un jour, scientifiquement le contraire, on pourra en reparler.
Je suis, malgré tout, stupéfaite de la facilité que pourraient avoir des personnes exerçant dans le domaine médical à faire basculer leurs patientes et patients dans leurs croyances. Cela me semble extrêmement grave. Combien de personnes aujourd’hui anti-vaccins et/ou complotistes ont pu être parasitées par des personnes normalement de confiance car faisant partie du domaine médical ?
Je n’ai qu’un seul conseil : armez-vous de connaissances pour ne pas tomber dans le panneau.
Ressources pour aller plus loin
- Burn-out : l’armée des 12 signes : un article qui m’a aidée dans ma prise de conscience initiale ;
- Une vie en anthroposophie : une série du podcast Méta de Choc où Élisabeth Feytit interview Grégoire Perra, ancien anthroposophe qui témoigne longuement sur l’anthroposophie et la façon dont il a réussi à sortir de ce milieu ;
- Chroniques de la spiritualité contemporaine : une série du podcast Méta de Choc sur l’ésotérisme New Age et tout ce qui gravite à l’intérieur. La surprise pourrait s’emparer de vous lors de la prise de conscience de l’étendue des croyances que ça comprend. On connaît toutes et tous des personnes qui croient à certaines (à commencer, parfois, par soi-même) ;
- De l’ostéopathie à la spiritualité New Age : un épisode du podcast Méta de Choc où un ancien ostéopathe s’étant orienté vers les croyances New Age témoigne ;
- Mauvaise pioche, une courte BD de Maliki sur une expérience chez un dentiste adepte des croyances New Age. On y retrouve notamment la pensée positive, la mémoire de l’eau… (Merci Julie pour le lien ! (Web Archive))
[Mise à jour 1er novembre 2021] Plainte auprès de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes
Après avoir partagé cet article sur Twitter, on m’y a recommandé de déposer une plainte auprès de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes qui, m’a-t-on rassurée, prend les plaintes au sérieux. Il faut savoir aussi que le code de déontologie des kinés est disponible en ligne ; c’est un document intéressant.
J’ai donc envoyé une lettre reprenant une bonne partie de cet article. Puis, j’ai été convoquée pour un rendez-vous de conciliation, avec la kiné, dans les bureaux de l’Ordre quelques semaines plus tard.
Ce rendez-vous a eu lieu en octobre en présence d’une sorte de jury-témoin : une juriste de l’Ordre, le président de la commission et une membre de la commission. La kiné n’était pas physiquement là mais était présente en visio-conférence. Elle s’est donc faite représenter par une de ses amies kiné.
J’ai été prise au dépourvu de devoir moi-même démarrer la réunion en commençant par expliquer l’objet de ma plainte. Heureusement, j’avais imprimé ma lettre et fait une liste récapitulative à la fin. C’est ce que j’ai lu car tout le monde avait lu la lettre et savait de quoi il retournait.
Puis, la kiné a exposé son droit de réponse. En réalité, ça ressemblait plus à une défense devant une cour de tribunal… Elle a d’abord signalé qu’elle avait reçu de nombreux témoignages positifs de patients, patientes et de confrères, consœurs qu’elle a transmis à l’Ordre. Et elle en avait encore reçu le matin même. Là, je me suis dit qu’elle avait bien flippé, quand même. Pourtant, il ne s’agissait là que d’un rendez-vous de conciliation et non pas d’un passage devant la chambre disciplinaire donc cela n’avait aucun sens. On était là pour parler de mon rendez-vous qui s’était mal passé, pas de sa pratique de manière générale.
Ensuite, elle a argumenté en disant que je déposais cette plainte dans l’objectif de lui nuire ; ce qui constitue un magnifique retournement de situation alors que je porte plainte parce qu’elle m’a été nuisible. Elle a donné des arguments sans aucun rapport avec le sujet voire mensonger :
- Le retrait du masque ? Elle a justifié qu’elle désinfectait la salle d’attente, qu’il y avait du gel hydroalcoolique à disposition, qu’on était à une distance d’un mètre au moins. Pourtant, on était dans une pièce fermée et en pleine pandémie où le masque en intérieur est obligatoire donc rien ne peut le justifier. Le jury lui a d’ailleurs dit que si c’était un problème de respiration, elle n’avait qu’à sortir deux minutes.
- La psychanalyse sur le fait que je ne mette pas mes pieds à plat ? C’est pour mon bien, pour pas que je perde l’équilibre quand je suis sur un tabouret. Hein ??? Apparemment, elle n’assume plus trop ses idées, la menteuse !
- Le conseil de prendre de la vitamine D et du zinc ? Elle l’aurait fait en me conseillant de consulter un pharmacien ou un médecin. Ah bon ? Là, non plus, elle n’assume plus et ment. Marrant, quand même.
- L’ostéopathie ? Je n’aurais pas exprimé de refus à la pratique du Niromathé. Ah ! Encore faudrait-il m’avoir parlé et expliqué pour que je puisse refuser…
- Je n’aurais pas eu de manifestation de douleurs. Dans le même temps, elle explique qu’elle m’a demandée de me taire pendant qu’elle faisait son truc du Niromathé. Amusant. J’ai pourtant bien sursauté à chaque fois qu’elle appuyait sur mon corps ; ce qui me semble être une manifestation suffisante.
- Elle a justifié ses tarifs, parlé de soin périnatal, etc. Des choses sans aucun lien avec ma plainte. Je n’ai absolument pas compris.
Pour finir, elle a quand même dit que le tutoiement lui semblait compatible par rapport à nos âges mais qu’elle reconnaissait que ça avait pu être déplacé sans connaître la personne. Seule et unique chose qu’elle admet de son propre chef !
Après ça, j’ai pu répondre à ses justifications. Le jury-témoin a insisté sur le fait que ce rendez-vous entre la kiné et moi avait reposé sur un total manque de communication de la part de la kiné. Elle ne m’a pas expliquée ses pratiques, elle a attendu que je me justifie pour qu’elle remette son masque, elle m’a jugée. Le jury a aussi relevé qu’il y avait visiblement un problème de compatibilité entre nous. Et quand le président m’a demandée si, si elle avait mieux communiqué, ça aurait pu fonctionner, je lui ai répondu que non, effectivement. Mais, avec une bonne communication, je n’aurais probablement pas été traumatisée au point que ça génère un retard dans ma prise en charge (ce point, j’ai oublié de le rappeler lors de ce rendez-vous…).
La kiné a donc fini par admettre ce manque de communication. Après que le jury lui a demandé si elle avait des regrets sur la façon dont ça s’est passé, elle a affirmé que oui. Elle a signalé, par ailleurs, qu’elle commençait à prendre des cours de communication non violente (encore un truc New Age mais, soit) parce qu’elle avait pris conscience qu’il y avait bien un problème.
Bien ! Alors on m’a demandé qu’elle était ma décision : est-ce que j’accepte de concilier et on en reste là ? Ou est-ce que je ne souhaite pas concilier et ma plainte suit son chemin auprès de la chambre disciplinaire ?
Quel choix difficile ! J’ai usé de l’option « appel à une amie » pour m’aider à prendre ma décision. Je pense que le jury devrait aussi se prononcer sur ce choix mais ça ne fonctionne pas comme ça…
Au final, je suis revenue dans la salle en demandant si ma plainte serait bien archivée et reservirait dans le cas où cela se reproduirait. On m’a assurée que c’est bien le cas.
Par conséquent, étant donné qu’elle a quand même pris conscience du problème (on le voit par le fait qu’elle se forme à la communication) et qu’elle a visiblement eu bien peur de ce qui pourrait se passer, j’ai accepté de concilier.
D’ailleurs, cette conclusion du rendez-vous de conciliation est cocasse. En effet, elle était tellement persuadée que je voulais lui nuire… Mais, finalement, j’ai accepté de concilier donc ma plainte n’a pas été transmise à la chambre disciplinaire ! Soit dit en passant, même si j’avais refusé de concilier, cela n’aurait pas été pour lui nuire mais pour protéger les autres. Bref, voilà une histoire que je peux enfin laisser derrière moi et dont j’espère qu’elle aura servi de leçon à cette kiné « un peu spéciale ».