Dans mon article « Devenir intégrateur ou intégratrice web » du 20 septembre 2018, je demandais des témoignages sur, notamment, les formations que j’avais listées afin d’avoir des avis plus concrets de personnes ayant suivi ces formations. Malheureusement, j’ai reçu assez peu de vraies réponses (10).
Je tiens à préciser que j’avais demandé à avoir des témoignages d’élèves qui avaient suivis ces formations il y a 3 ans au plus afin qu’ils soient pertinents (au delà, les formations ont pu énormément changer, voire disparaître). Plusieurs personnes sont passées outre cette demande. Aussi, j’ai choisi de conserver leur témoignage mais en corrigeant leur réponse en mettant la vraie année de formation. Ainsi, chacun et chacune sera en mesure de prendre le recul nécessaire. En effet, les témoignages étaient malgré tout intéressants et ces personnes ont quand même donné de leur temps pour répondre. Je leur en suis donc reconnaissante.
Je tiens donc à remercier les 10 personnes qui ont rempli mon questionnaire et qui ont témoigné.
Dans ce nouvel article, je publie les témoignages écrits. Vous pouvez consulter le détail des réponses aux questions dans un tableur séparé (fichier XLSX, 128 Ko). Il ne m’est, bien sûr, pas possible de faire des statistiques avec 10 témoignages. Néanmoins, on peut constater que la formation idéale pour devenir intégrateur ou intégratrice web n’existe pas comme je l’avais dit dans mon article précédent.
Par ailleurs, vous constaterez que je n’ai pas reçu de témoignage pour toutes les formations que j’avais citées. En revanche, j’en ai eu pour des formations que je n’avais pas citées. Il y a des témoignages très intéressants. Je vous invite à en prendre connaissance ci-après.
Je ne commenterai pas les témoignages car je pense qu’ils sont déjà suffisamment parlants. Ils permettent de soulever des problèmes auxquels on ne pense pas forcément et qui sont pourtant cruciaux : mauvais accompagnement dans la reconversion, sexisme (et plus), dévalorisation des métiers (et pas seulement l’intégration), récence des cours…
En revanche, et c’est là où je vous rassure, malgré des formations pas toujours optimales, on voit que ces personnes se sont accrochées et ont réussi à faire le métier qu’elles souhaitaient. Ça a été mon cas aussi. Pourtant, je connais un homme qui souhaitait devenir intégrateur et qui n’a malheureusement pas réussi à trouver d’entreprise et est retourné à « son métier d’avant ». Je ne le critique pas, il s’est accroché lui aussi mais, ça ne marche visiblement pas toujours. Cela montre qu’on a encore du travail à faire sur le sujet et notamment dans l’accompagnement avant et après la formation.
Bonne lecture !
Sébastien Camberou, formation « Développeur web junior » – OpenClassrooms (2018)
Certains cours ne sont pas à jour avec les normes / technos 2018, mais qui pourrait leur en vouloir ; ce sont des cours écrit + vidéo, et ça demande temps + personnes qualifiées !
Superbe expérience, super mentors, une équipe là à chaque étape et vraiment présente, qui vous écoute, s’adapte, met en place des choses, le tout pour votre réussite ! Sans parler des aides financières possibles, des rencontres sur le Workplace, et des centaines d’heures à faire des projets top =).
Sébastien Camberou, à propos de la formation « Développeur web junior » – OpenClassrooms
Mathieu Bouillot, formation « Master Gestion de projet multimédia » – IESA Multimédia, Paris (2009-2010)
Être intégratrice – intégrateur est un métier complexe à multiples facettes. C’est un métier-pluriel, c’est un métier à la croisée de beaucoup d’autres (dev back, UI, UX, SEO pour ne citer qu’eux). Il est important car il est le garant de la qualité et du respect de la créa, de l’UX, de l’interaction qu’aura l’utilisateur ou utilisatrice finale avec le site (utilisabilité et accessibilité rentrent en jeu ici). Il y a aussi un aspect que vous n’avez pas aborder (ou je l’ai loupé) c’est le design d’interaction, les animations sur le site. Là aussi, c’est une compétence à avoir car elle amène d’autres aspects du métier (performance du code, connaissance du CSS plus poussée, connaissance du rendu navigateur (CSSOM)).
L’intégrateur ou l’intégratrice a la responsabilité que le site s’affiche bien sur les différents écrans (mobile, tablette, desktop) via le responsive.
Avec l’accessibilité, mon métier a pris une autre dimension. J’avais une utopie, c’était de faire des choses utiles à travers / grâce à mon métier. Faire en sorte que mon code, ce que je crée soit utile à des gens. Et connaître l’accessibilité a répondu à cette attente. Bien sûr, c’est un combat de tous les jours mais il est passionnant.
Mathieu Bouillot, à propos de la formation « Master Gestion de projet multimédia » – IESA Multimédia, Paris
Georges Sempéré, formation « Développeur Web et Web Mobile » – O’clock (2018)
Je ne sais pas si c’est la formation la plus adaptée pour devenir intégrateur vu que c’est plutôt une formation de développeur web. Beaucoup des sujets sur la question sont abordés mais le focus n’est pas vraiment sur ça non plus. Elle est assez complète pour permettre à quelqu’un d’avoir largement les bases pour pouvoir aller plus loin dans cette voie tout en ayant aussi de bonnes compétences en programmation. Ce qui est un plus pour travailler en équipe avec des développeurs plus tard ou pour évoluer.
Georges Sempéré, à propos de la formation « Développeur Web et Web Mobile » – O’clock
Abderrahmen Maiza, formation « Développeur intégrateur Web » – IFOCOP (2011-2012)
Ne pas flemmasser le soir et faire ses devoirs est important pour assimiler les cours.
J’hésite à recommander ma formation car certains professeurs n’étaient pas assez pédagogues, en nous faisant des dictées ou en copiant-collant un code sans avoir pu le comprendre pour gagner du temps. Mais d’un autre côté, je ne souhaite pas cracher dans la soupe, puisque après cette formation, j’ai pu avoir une belle carrière !
Abderrahmen Maiza, à propos de la formation « Développeur intégrateur Web » – IFOCOP
Sébastien Serre, formation « Développeur intégrateur Web » – IFOCOP (2014-2015)
J’étais sur la Promo 2014-2015. Une présentation de PHP OO et de Git aurait été un minimum pour continuer à s’autoformer.
Sébastien Serre, à propos de la formation « Développeur intégrateur Web » – IFOCOP
Fabien Kerinec, formation « Développeur d’application – Frontend » – OpenClassrooms (2017-2018)
Pas de commentaire particulier – voir les réponses de Fabien Kerinec dans le tableur à propos de la formation « Développeur d’application – Frontend » – OpenClassrooms
Pascal Moriceau, formation « Webmaster » – Lycée Saliège (2016-2017)
Plutôt qu’un grand discours, j’ai fait une intervention à ce propos disponible en vidéo : « Des commandes de bières à la commande en ligne : aller sans retour d’un restaurateur dans le web ».
Pascal Moriceau, à propos de la formation « Webmaster » – Lycée Saliège
Guigui E, formation « BTS Concepteur de médias interactifs » – Groupe FIM (2015-2017)
Il faudrait vraiment avancer sur le coté JavaScript, on survole en général dans les formations… Découvrir les derniers frameworks CSS (SCSS), JavaScript et en fin travailler avec Git ! L’approche UX devrait faire partie intégrante du programme et genre ne pas l’aborder seulement en Master…
Guigui E, à propos de la formation « BTS Concepteur de médias interactifs » – Groupe FIM »
Note du 21 février 2020 : cette formation ne semble plus exister, la formation « Développeur intégrateur de médias interactifs » semble la remplacer.
Anonyme 1, formation à la Web@cadémie (entre 2015 et 2018 – date volontairement approximative)
Dévalorisation du métier d’intégrateur au profit de celui de développeur
Anonyme 1, à propos de la formation à la Web@cadémie
C’est une formation gratuite de 2 ans destinée aux personnes de 18-25 ans sans BAC, une certification d’Intégrateur / Développeur Web est délivrée à la fin des 2 ans. Une demande de certification niveau 3 au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) est en cours.
La première année c’est un apprentissage intensif du développement web et du métier d’intégrateur. On commence par l’intégration de maquettes HTML5 / CSS3. Au début on vérifie toute l’intégration des projets, la norme W3C, le responsive mais très vite l’intégration est mise au second plan voire même oubliée. Par exemple à partir du 2ème semestre l’intégration ne fait plus partie officiellement de barème de notation, elle est notée à travers la partie « développement front-end » et on retrouve « Ergonomie et Design » pour 1 point sur 20…
Les projets durent de 1 à 4 semaines selon les projets, seul ou en groupe.La deuxième année se passe en alternance, en contrat de professionnalisation (3 semaines en entreprise / 1 semaine à l’école). La semaine où nous sommes à la formation, nous faisons des projets sur des technologies récentes souvent des frameworks JavaScript. Le design, la propreté du code et même le responsive ne sont plus du tout pris en compte dans la notation.
Je dirais au final que c’est une bonne formation orientée développement full-stack voire carrément back-end et que l’intégration et même le développement front-end n’y sont pas pris au sérieux. On pousse les élèves à être développeur full-stack mais si un projet est rendu fonctionnel, c’est tout ce qui compte.
On survole carrément les notions même de design, avec sur les 2 années un seul module, sur Photoshop et un intervenant un peu dépassé.
Les métiers de web designer / directeur artistique sont vus comme inférieurs.L’ambiance y est très pesante, puisque l’année commence par une « piscine » une épreuve de 3 semaines 7 jours / 7, de 8h à 23h, dans une salle où vous enchainez les exercices ; les moins motivés partent vite et comme les places se font rares, les mauvais coups sont courants voir encouragés. Il vaut mieux être déterminé, très motivé et ne pas se laisser marcher sur les pieds.
Et si vous êtes une femme, comme moi, ça sera encore plus compliqué, l’équipe est composé le plus souvent d’anciens élèves d’Epitech (école d’ingénieur informatique fréquenté majoritairement par des hommes) et donc le harcèlement moral et sexuel n’y est pas sanctionné. L’équipe encadrante ayant elle-même baigné dans un climat de sexisme ambiant, le comportement de leur propres élèves les fera rire ou ne les choquera pas. Les agressions entre élèves n’y sont pas rares non plus, l’idéal est de rester dans son coin, de savoir s’entourer. Même si les équipes sont maintenant sélectionnées avec plus de soin, dû la professionnalisation de la formation et que l’école a décidé de faire une promotion « féminine », il règne toujours cet état d’esprit malsain auprès des élèves (qui appartiennent souvent à la communauté « troll d’internet, forum jeuxvideo.com ») comme quoi les femmes ne seraient pas faites pour ce métier, voire inférieures à eux.
Et une dernière chose assez gênante pour la crédibilité de l’école c’est que les élèves absents ou ayant échoués ne sont pas comptés dans le résultat final du taux de réussite. Exemple, au début de l’année dans ma promotion nous étions un certain nombre et nous sommes que 68% a avoir eu le certificat. Pourtant le seul chiffre de taux de réussite que l’ont trouve c’est « 99% », et même sur le site de l’école (webacademie.org/alumni/ (archive)) vous ne trouverez que ces 68% d’élèves correspondant à ma promotion, pourtant, tous étaient bien inscrits jusqu’à la fin.
Anonyme 1, à propos de la formation à la Web@cadémie
Anonyme 2, formation « Concepteur·rice Développeur·euse d’Applications » – Eni École (2016-2017)
La partie développement HTML / CSS avec Bootstrap était vraiment déplorable.
J’ai effectué cette formation pour me reconvertir dans le développement Front, orienté intégration.
On m’a dit que la formation était orienté Web. Lors de la formation, j’ai demandé à un formateur si, à l’issue de cette formation on pouvait devenir intégrateur ; il m’a répondu oui.
Dans le programme il y avait du contenu dans ce sens. Le côté maquettage était bien, mais sans aucune notion sur l’accessibilité. Pour l’intégration, ce n’était que du Bootstrap, et le formateur n’a même pas mentionné le W3C et les bonnes pratiques.
Malheureusement, cette partie intégration n’était qu’une infime partie du programme, et la plupart des personnes en formation étaient issues déjà des filières de développements informatiques (IUT, FAC etc .). Les formateurs sont vraiment compétents mais sans aucune pédagogie.
Autant dire que pour une reconversion, c’était tout simplement une torture. Et, cerise sur le gâteau, pour une rentrée pour une formation initiale avec un groupe ayant commencé quinze jours avant mon arrivée, ils m’ont poussé dans l’isolement comme quelques autres de mes camarades.
Une formation à fuir pour une reconversion sans compétences de bases dans le développement web !
Anonyme 2, à propos de la formation « Concepteur·rice Développeur·euse d’Applications » – Eni École
Tableau détaillé des réponses
Tableau détaillé des réponses au questionnaire (fichier XLSX, 128 Ko)
Note d’accessibilité : si vous rencontrez des difficultés pour lire le tableau, contactez-moi.